L'utilisation traditionnelle du safran comme plante médicinale est légendaire. Il a été utilisé pour ses propriétés
carminatives et
emménagogiques par exemple. En Europe médiévale, on utilisait le safran pour traiter des infections respiratoires et maladies comme la
toux, le
rhume, la
scarlatine, la
variole, les
cancers, l'
hypoxie et l'
asthme. On le retrouve également dans certains traitements contre les
affections sanguines, l'
insomnie, la
paralysie, les
maladies cardiaques, les
flatulences, les
indigestions et maux d'
estomac, la
goutte, la
dysménorrhée, l'
aménorrhée et divers désordres
oculaires. Pour les anciens Persans et Égyptiens, le safran était aussi un
aphrodisiaque, un
antidote couramment utilisé contre les empoisonnements, un stimulant digestif et un tonifiant pour la
dysenterie et la
rougeole. En
Europe, les adeptes de la «
théorie des signatures » interprétèrent la couleur jaune du safran comme un signe d'éventuelles propriétés curatives contre la
jaunisse.
Les
caroténoïdes du safran ont, dans certaines études scientifiques, montré des propriétés
anticancéreuses,
antimutagènes et
immuno-modulatrices. Le composant responsable de ces effets est la diméthyl-
crocétine. Ce composé agit sur un large spectre, aussi bien sur les tumeurs murines (chez les
rongeurs) que sur les lignées cellulaires humaines atteintes de
leucémie. L'extrait de safran retarde également la croissance des
ascites, retarde l'apparition des
carcinomes dus au papillomavirus, inhibe les carcinomes squameux, et diminue l'incidence du
sarcomes des tissus mous chez les souris traitées. Les chercheurs pensent qu'une telle activité
anticancéreuse est principalement due à la diméthyl-
crocétine qui empêche certaines protéines, des enzymes connues comme étant des
ADN topoisomérases de
type II, de lier l'ADN dans les cellules cancéreuses. Ainsi, les
cellules cancéreuses deviennent incapables de synthétiser ou répliquer leur propre
ADN.
Les effets
pharmacologiques du safran sur les
tumeurs malignes ont été démontrés lors d'études faites
in vitro et
in vivo. Le safran allonge la vie de
souris dont le
péritoine est porteur de
sarcomes, plus précisément des échantillons de S-180, de l'
ascite du
lymphomede Dalton (DLA) et de l'
ascite du carcinome d'Ehrlich (EAC). Les chercheurs ont découvert cette propriété lors de l'administration orale de
200 mg d'extraits de safran par kilogramme de masse corporelle de la
souris. Les résultats montrent que la durée de vie des souris porteuses de tumeur a été augmentée de respectivement 111 %, 83,5 %, et 112,5 % par rapport aux lignées témoins. Les chercheurs ont également découvert que les extraits de safran sont cytotoxiques pour certaines lignées cellulaires tumorales, comme le DLA, EAC, P38B et S-180, cultivés
in vitro. Ainsi, le safran a montré d'intéressantes propriétés en tant que nouveau traitement alternatif pour un certain nombre de
cancers.
En plus des propriétés anticancéreuses, le safran est également un
antioxydant. Cela signifie que, comme un agent « anti-âge », il neutralise les
radicaux libres. Les extraits
méthanoliques, en particulier, du safran neutralisent à un taux important les radicaux DPPH (
nomenclature IUPAC : 1,1-diphényl-2-picrylhydrazyle). Ceci est dû à la donation au DPPH de
protons par deux agents actifs du safran, le
safranal et la crocine. Ainsi, à des concentrations allant de 500 à
1 000 ppm, la crocine permet la neutralisation de respectivement 50 % et 65 % des
radicaux. Le
safranal montre néanmoins un taux de neutralisation plus faible que celui de la crocine. Ces propriétés donnent au safran un avenir dans la fabrication d'
antioxydants dans l'
industrie pharmaceutique et
cosmétique ou encore en tant que supplément alimentaire.
Cependant, ingéré à dose suffisamment élevée, le safran est létal. Plusieurs études sur des animaux montrent que
DL50 du safran (ou dose
létale 50, dose à laquelle 50 % des sujets de tests meurent d'une
overdose) est
20,7 g/kg quand il est délivré en décoction.